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Une petite anecdote bis

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Une petite anecdote bis

Quand j’étais au rapide express de Paris nord, on avait dans le roulement 4 trains fret MA 100, des Bobigny Lille Délivrance et retour et également un A/R ME 120 ( en 26000 la meilleure machine, oui, bon...) Valenton Calais Frethun mais qui étais au roulement 100 Eurostar pour la connaissance ligne classique.

Du coup, mon chef se devait de m'accompagner sur un de ces MA afin d'évaluer les compétences toussa.

Donc, départ de Lille Délivrance, en principe 1800 T vers 23 heures.

Je passe à la feuille, on me donne mon numéro de machine et la voie,

Mon chef arrive et on file tout les deux sur la machine une 16500.

Préparation, essais, tout va bien.

La-dessus je regarde les réducteurs et évidement ils sont sur V ( voyageur) ; aller hop, déverrouillage, manœuvre du levier ( deux en fait, un qui pousse vers M ou V et un qui permet d'ajuster les engrenages entre eux ) et sur les deux bogies bien entendu et les voilà sur M ( marchandise).

Bon, l'heure de la sortie dépôt approche, je me présente au téléphone de voie et on me dit après un certains temps : « En fait t'as pas d'éléments ( c'est comme ça qu'ils nomment les wagons et donc le convoi ), tu es HLP dans la marche. »

Bon, ce que je ne vous avais pas précisé, c'est une 16500 non modifiée et donc vitesse sur position M vitesse maxi 90 ( 140 sur V ). Les modifiée avaient M 100 km/h, vitesse des HLP sur la ligne ( sauf particularité à certains endroits).

Rebelote , manœuvre des réducteurs pour remettre sur V. Pfiou, mon chef qui me dit :  « Ça c'est de l’entraînement ! »

Et nous voilà partis en ligne : Douai, Arras, Albert...

Peu après, le régulateur appelle à la radio et me dit : « Comme tu es HLP tu vas prendre un train à Amiens marchandise. »

… mince moi qui pensait être tranquille.

Et là, un train de citernes, 1600 T .

Je vous le donne Émile, rebelote les réducteurs sur M. Vérification attelage, essai de frein, vérification bulletin de freinage, tout bon.

On repart et elles sont bien vaillantes ces 16500, donc mise en vitesse correcte dès la ligne atteinte.

Du coup, mon chef qui s'ennuyait me dis :

  • « on va faire un exercice, file moi la clé panto! »

  • « pardon ? »

Je regarde la pression aux RP, c'est bon, je disjoncte, je lui donne la clé et il s'en va dans le couloir de la machine. Comme vitesse, c’était correcte mais on devait être à 70.

Là je vous explique vu qu'il y a prescription depuis le temps.

Le tout en roulant sur l'erre, il a mis la clé panto dans la serrure de sécurité, récupéré une clé qui permet l'ouverture de la partie pas vraiment HT mais presque, et a été isolé un moteur, refermé, remis clé, et m'a redonné la clé panto.

Il prend le manche un petit peu le temps que je regarde les renseignements techniques, le règlement, pour voir si au vue du tonnage on pouvait continuer ou être garé, ou autre, pour valider l'exercice quoi. Je vous passe les détails du résultat. Il doit être 2/3 h du matin.

Comme ça monte un petit peu, forcément la vitesse baisse et on se retrouve à passer Breteuil-Embranchement à 30 à l'heure avec évidement le regul qui te demande pourquoi tu perds du temps...

On lui dit, ça va aller, après ça descend jusqu'à Creil !

Après Creil, mon chef refait l'opération inverse ( toujours en roulant, faut surtout pas perdre une clé de sécurité dans le couloir !) et je retrouve les deux moteurs (ouf ) car ça monte jusqu'à Survillier.

On revient sur l'exercice, on discute particularité de la ligne etc...

Sur ce on arrive au ralentissement 60 pour prendre la GC juste avant Pierrefitte.

Attendez, c'est là que vient l'anecdote, là je brode pour se mettre dans le contexte.

A peine sur la GC, jaune clignotant. Je surveille l'indicateur qui baisse, impec, après arrive le signal avertissement.

Puis dans l’alignement, le carré au loin.

Dépression à la CG ( un peu mais pas de trop ), le train s’arrête en un coup de frein à 20 m du signal. La classe.

Mon chef qui me dit : « Arrêt impeccable ».

Moi tout fier tu penses .

(un temps de silence ) et il rajoute : «  On vient pas de lire un truc sur ce carré précisément ? »

Moi : « Heu … »

Ah mince oui : « lorsque qu'un train arrêté au carré C 303 de la Bif des Bas Martinaux dépasse 1400 T, il ne doit pas se remettre en route de lui même et demander le secours. »

Et merde !

La-dessus, le carré s'ouvre, je le regarde et le connaissant, il me dit : « On y va quand même ! »

Le train décolle, je passe les crans de traction un à un, tout semble aller pour le mieux, on observe la voie qui monte devant nous qui passe en fait au dessus des voies pour Aulnay, la vitesse augmente ( 5/10/15/20) et là, à ce moment précis...

… il tombe une averse de folie, le pire qui dure aller, 5 minutes et évidement ça patine, ma vitesse qui descend 15,10 … La machine régresse les crans automatiquement, j'ai le doigt sur le bouton des sablières... 5... là, ni une ni deux, mon chef descend (si si ) de la machine et prend un peu de sable sur la piste et en met sur le rail et avance en même temps... je joue avec les derniers crans utiles de traction mais...

… 3, 2, 1, planté !

Bon, mon chef remonte et je lui dis que dès que tout le convoi s'est retrouvé dans la pente, foutu.

J’appelle le poste par radio, lui fait part que je suis planté et que du coup on est pas bien. Trouvons le carnet de DDS ( voir dico ).

A peine, j'ai raccroché, le collègue derrière mon train dit à la radio : «  T’inquiète, je n'ai que 400 T, attend j'accoste, je vais pousser, tu me dis quand t'es prêt »

Alors là ! Regard avec mon chef, acquiescement … rangement du carnet, je dis au collègue une minute plus tard : « Tu peux pousser »

Et à ce moment tu sens comme une main qui te pousse et ton train reprend la montée comme si ( presque ) de rien n’étais, gaffe à la MàV et au signal suivant quand même. Remerciements toussa.

Entrée au faisceau, dételage, parcours jusqu'au dépôt, visite à l'arrivée, ça sentait un peu le chaud et reprise de suite par un autre collègue qui attendait la machine, faut dire on avait au moins 2 h de retard.

On est rentré en taxi à Paris et j'ai dit à mon chef : «  Je marque rien au bulletin de traction, vu que tu étais là »....

Et une bonne fin de nuit la dessus.

Jean-Philippe, Jean-Yves Chailleux and 2 other users have reacted to this post.
Jean-PhilippeJean-Yves ChailleuxJMD16140Stéphane Pernin
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L'AC était certainement content de ne pas avoir à traiter la demande de secours.

Jean-Philippe a réagi à ce message.
Jean-Philippe
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Merci pour cette anecdote Berny. 

Heureusement que tu connaissais bien ton chef et qu'il savait travailler, mais tout était contre vous. Une de ces journées qui n'en finit pas !

Modérateur
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Excellent.

D'un coté je m'dit : " Mais pourquoi t'a pas laisser sur V ? " 🙂

D'un autre ton chef il a quand même cherché la m....  Dès que ça part en sucette ça s'arrête pas. 🙂

J'ai vraiment faillit être de bonne humeur aujourd'hui...ça s'est joué a un con près !
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La loi de Murphy 🙄

Alain a réagi à ce message.
Alain

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